mardi 10 septembre 2013

Considérez que vous êtes commandant de bord...

Après avoir passé ma semaine à refaire les préparatifs, à tout vérifier, etc... voilà que la météo fait à nouveau des siennes ! Après plusieurs jours de beaux temps, ce sont les nuages et la pluie qui sont au rendez-vous ! A la différence de la dernière fois, pas d'orage et pas de nuage violent. On confirme donc le rendez-vous. Histoire de bien tout préparer, j'arrive à l'aéroclub, une demi-heure en avance. J'ai largement le temps d'ouvrir le site de Météo France sur le poste du club pour afficher toutes les cartes et prévisions météo, de faire les diagrammes de centrage sur excel, de déplier ma carte, etc... Sauf que le précédent pilote m'a laissé un avion avec un réservoir au trois quarts vide ! Bon, ben c'est parti, en vitesse, direction la pompe à essence pour faire le plein avant que l'examinateur arrive... Finalement, son petit retard de 10 minutes sera le bienvenu...

Le voilà donc, avec ces lunettes de soleil, le premier contact est un peu froid, ou plutôt très sérieux.
Il me demande en premier lieu mes préparations. Je lui montre donc le centrage, lui explique la météo, les cartes AZBA, et les plans de vols des deux destinations. C'est l'occasion pour lui de me poser un certain nombre de questions. Certaines sont très basiques telles que la lecture des cartes météo, d'autre plus pointilleuses notamment sur la réglementation. Le temps étant à la pluie, et Rodez et Agen étant deux aérodromes avec des CTR, les questions tourneront beaucoup sur le VFR spécial et sur les procédures d'approche.
Philippe m'avait bien dit, « surtout, si tu ne sais pas répondre, n'hésite pas à prendre le manuel de vol ou tout autre document pour trouver des infos, et à dire que tu ne sais pas plutôt que de tenter de répondre à côté. »
Effectivement, c'est le conseil le plus important pour cette phase de préparation de vol. J'ai bien senti que les quelques questions pour lesquelles je n'avais pas la réponse n'ont pas été perçues par mon examinateur comme des occasions de pointer des ignorances, mais plutôt comme l'occasion de m'apprendre certaines choses...

Après cette phase d'à peu près une heure, nous voilà parti pour la visite pré-vol. Je m'attendais à ce qu'il soit sur mes talons et me pose 50 questions sur les points à vérifier : pas du tout ! « Je vous attends pour la visite prévol » « Non non allez-y, vous connaissez les machine mieux que moi ! »Il a donc préféré discuter avec une connaissance, probablement en ayant tout de même un œil du moi. Cela m'a permis de me retrouver un peu seul et de souffler un peu...

Malgré le temps ne s'arrangeant pas, nous demandons l'autorisation à la tour d'aller sur le circuit et de décoller... Même surprise qu'au sol, je m'attendais à ce qu'il me demande pourquoi je vérifiais les écarts de magnétos, le régime moteur réduit ou le réglage de la mixture, a ce qu'il me pose des questions en vols, etc...rien ! Calme plat ! Bon ben tant mieux, au moins je suis tranquille. Je fais donc mon petit bazar sous ce ciel de plus en plus gris...

Bientôt la pluie fait son apparition, et je dois descendre un peu pour sortir des nuages qui semblent s'abaisser, j'annonce donc ma décision de descendre de 500 pieds. Pas de réponse. Je prends ce silence pour une approbation. Etant donné que c'est lui le commandant de bord, c'est à lui qu'incombe la responsabilité de continuer ou pas le vol. Je m'attends donc à ce qu'il commente un peu la situation, mais non, pas un mot.
Vu que nous devons réglementairement être à 500 pieds au-dessus du sol, et que nous sommes à 1000 pieds, j'imagine qu'il considère que nous pouvons continuer.
Nous attaquons alors une portion de vol qui nous fait cheminer le long d'une autoroute et là, la limite de survol passe à 1000 pieds. Nous flirtons donc avec les minimas. Je finis donc par lâcher « Si j'étais tout seul je ferais demi-tour» « Considérez que vous êtes commandant de bord ». Enfin une réaction ou  un commentaire ! Sur de moi, j'annonce donc mon intention de faire demi-tour tout en virant. Comme depuis le début du vol, aucune réaction. Le retour au terrain prend 15 minutes, et pendant tout ce temps, je me demande comment ce revirement de situation sera perçu par mon examinateur, décision sage ou prétexte pour tourner court à la difficulté...
Depuis le départ, le vent s'est levé, et chose rare : j'ai droit à un atterrissage avec vent de travers 15kt gratuit ! L'atterrissage est un peu sec, mais l'avion touche le sol et on repart pour un tour de piste. J'écoute les conseils de l'examinateur et le deuxième, et dernier, atterrissage se passe beaucoup mieux, puis la tour nous donne l'autorisation de « quitter au parc »...

A peine le casque enlevé le verdict tombe « J'ai 17000 heures de vol derrière moi, et vous avez fait demi-tour au moment où moi aussi j'aurai fait demi-tour, c'est très bien ». Ouf ! J'ai fait ce qu'il fallait... Bien entendu le vol ayant duré 30 minutes, nous devons à nouveau prendre rendez-vous pour une troisième tentative le 04 juillet !


Même si je suis une nouvelle fois dans l'expectative, je suis satisfait d'avoir démontré « ma capacité de jugement » à l'examinateur, qualité très importante, selon lui, et souvent rare chez les jeunes pilotes...

1 commentaire:

  1. Salut, je suis élève pilote à Pau (LFBP). Merci beaucoup pour ton récit très intéressant qui explique bien la préparation à effectuer avant une épreuve PPL. Le fait que tu es effectivement décidé d'interrompre ton vol est une chose qui m’impressionne beaucoup, cela prouve que tu sera bon pilote et que tu sera prendre les bonnes décisions (en tout c'est ce que je pense) ! Encore merci pour ton article :)

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